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ÉLÉGIE ONZIÈME


À Madame Arthur Fontaine.


Où es-tu ? Quelle a été ton existence paisible,
toi que j’ai connue vers nos quatre ans, petite fille
qui habitais chez ton vieux grand-père de notaire,
toi dont j’ai déjà parlé dans mes poésies ?
Souviens-toi du jardin, souviens-toi de la claire
journée, où les boutons de roses du Bengale
parfumaient les poiriers où criaient les moineaux ?
Sur le perron, avec sa casquette de velours
et sa chaise en arrière appuyée contre le mur,
ton aïeul regardait le temps tourner au beau.