Page:Jammes - Le Deuil des primevères, 1920.djvu/45

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ÉLÉGIE CINQUIÈME


Les anémones d’Octobre aux pelouses dorées
dorment. Des champignons troués par les limaces,
sont gluants dans la boue où des sangliers passèrent.
Les sorbiers des oiseaux saignent aux roux des bois.
Par moments, c’est après la pluie, le bois remue
tout entier, et ça fait comme s’il repleuvait :
les feuilles ruissellent et font un crépitement dru.

C’est la douceur d’Octobre et la pipe allumée.
Un rouge gorge chante au boueux soleil pâle.
Je viens d’entrer dans le gris très doux de ma chambre.