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Ah !… Je resonge à toi. Es-tu toi ou une autre ?
Les caresses semées ont fleuri dans mon cœur.
Je le sens, aujourd’hui, pareil à cette époque.
Des passe-roses bleus sont nés de ma douleur.
Tu n’as, si tu les veux, qu’à étendre la main.
Donne-leur un peu d’eau. Ils reprendront demain.


III


Et j’ai songé à toi, encore, ce matin.
J’ai regardé les humbles labiées violettes.
C’est l’Automne, et pourtant ce semble un moi de Mai,
Le lierre me sourit. Et, dans ce vieux jardin,
je suis bien le jeune homme un peu antique et tendre
qui lisait, au soleil du réveil, dans sa chambre,
la vieille botanique où brûlaient des dessins.
Si tu veux accepter telle qu’elle est mon âme :
Viens la chercher, par un soir vert, sous les tilleuls.