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nettoient, quand vient l’Hiver, les Sages de la Grèce,
pour qu’au Printemps suivant reniche l’hirondelle.

LE POÈTE

Mais quelle vanité ! Ce n’est point fait pour elles,
mais seulement pour ceux qu’une gloire immortelle
investit, et ces nids ne sont que des musées,
ou les têtes de ceux que l’on y a sculptés.

L’OISEAU

… Mais ne t’ai-je pas dit, tout à l’heure, poète,
qu’une chose est cela qui n’est pas autre chose.
Si on la fait un nid, ce n’est plus une rose,
si on la fait un nid, ce n’est plus une tête,
fût-elle cent fois plus d’un Sage de la Grèce.

LE POÈTE

Petit oiseau chéri, tu es plein de Sagesse,
et je ne croyais pas vraiment qu’il existât
d’oiseau qui pût parler comme tu parles, toi.
Si j’eusse été Satrape en des villes de Perse,
j’aurais capitonné ta cage en vieille perse.