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il est difficile que les hommes demeurent innocens parmy des femmes superbement vêtues et à demi-nues, et que les femmes conservent toute leur pureté dans la compagnie des jeunes gens qui s’étudient à leur plaire, et qui les entretiennent librement de la violence de leur passion. Les uns et les autres cherchent le plaisir dans ces assemblées, les uns et les autres estiment donc et aiment le plaisir, et comment peuvent-ils éviter les suites funestes de l’affection déréglée de la volupté, dans le temps même qu’ils ne songent qu’à la satisfaire.

XXXVIII. Je n’ay pas oublié qu’il y a des filles et des femmes qui pensent qu’il leur est permis de découvrir leur gorge du moins quand elles sont dans leur maison, où il n’y a personne que ceux de leur famille, et quand elles sont dans un cloître où elles ne conversent qu’avec des religieuses. Car dans ces deux rencontres disent-elles, ne pouvons pas avoir dessein de plaire aux hommes, et nous ne sçaurions ni causer du scandale ni inspirer de mauvaises pensées. Il est facile de leur répondre que quand il seroit yray qu’en ces deux occasions leur nudité ne pourroit nuire à personne, il suffit qu’elle puisse leur être funeste. Une femme véritablement chaste ne craint et n’évite pas seulement les yeux étrangers et domes-