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hommes. Il suffit que vous soyez sensibles à vos propres charmes pour être en danger de périr, puisque c’est par eux qu’ils vous tentent ; et vous ne sçauriez désavouer que vous n’ayez, non-seulement de la sensibilité, mais de l’attachement pour vos charmes, puisque vous ne pouvez vous résoudre à les cacher, et que malgré les reproches que vous font la nature et la raison, la religion et la piété, vous voulez les faire paroitre par la nudité de vos bras, de votre gorge et de vos épaules. Si vous ne vous souciez pas du salut des autres, au moins songez à votre salut, si vous ne faites pas scrupule de tenter les hommes, appréhendez d’être tentées par les hommes, et couvrez ce corps à demi-nu par lequel vous les tentez, et qui leur sert de sujet et de prétexte pour vous tenter ?

XXXIV. Ouy sans doute il faut que ces femmes mondaines le confessent malgré elles, le péril où elles engagent les hommes leur est commun avec eux ; et lorsque paroissant à demi-nues elles font la fonction d’athlétes du démon, et qu’elles entrent, pour ainsi dire, dans la lice afin de combattre pour sa gloire, elles ne doivent pas moins songer à se défendre qu’à attaquer, et doivent d’autant plus craindre de succomber dans ce combat, qu’elles n’atta-