Page:Jacques Boileau - De l abus des nudites de gorge, Duquesne, 1857.djvu/63

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est mauvais, mais tout ce qui aies apparences du mal. Et elles ne sçauroient nier que faisant la même chose que les femmes effrontées et libertines, leur conduite ne porte le caractère de l’effronterie et du libertinage, et qu’on ne puisse sans témérité les accuser ou les soupçonner d’être du nombre de celles dont elles suivent l’exemple.

XXIII. Mais elles ne s’exposent pas seulement à perdre leur réputation, elles se mettent au hasard de perdre leur innocence. Leur pudeur est comme frappée et blessée par chaque coup d’œil impudique, leur modestie est ébranlée par les vaines approbations qu’on leur donne. L’idée de leur sein n’entre pas moins dans leur imagination que dans celle des hommes qui le considèrent attentivement et qui le louent, et comme ils joignent d’ordinaire l’idée de tout le corps à celle du sein étant persuadéz qu’on montre la beauté de l’un pour faire juger de la beauté de l’autre, elles entrent facilement dans les sentimens qu’elles ont voulu inspirer, et ne remplissent leur esprit que de leur propre image, mais d’une image sensuelle qui imprime peu à peu dans leur âme les inclinations des libertins qui les regardent. La chasteté d’une femme, dit Tertulien, quand elle est véritable et parfaite ne craint rien tant qu’elle même,