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Le Marquis de Sade eñt-il été celui que la légende nous a peint sous d'épouvantables couleurs (et la légende seule s'est occupée de lui jusqu'à ce jour), qu'il n'en serait pas moins utile de demander à ses livres comme à sa vie le secret de l'horreur qui s'y attache.

Une âme aussi sombre appartient à la science, au même titre que celle de tous les criminels, puisque aussi bien, et nous le disions tout à l'heure, son nom sert à cette même science pour étiqueter une aberration.

C'est donc d'un passionnant problème de psychologie que s'est occupé l'érudit aimable de l'Amour aux Colonies, et c'est la solution de ce problème qu'il nous apporte en son livre magistral.

Fruit d'un labeur considérable, ce livre projette une lumière définitive sur ce cas unique dans l'histoire des moeurs. Les Mémoires du temps, les archives de la Bastille, les archives de l'hospice de Charenton, tout a été lu, analysé, fouillé et, de l'examen impartial des pièces authentiques de ce procès jamais révisé, il résulte, étrange constatation pour les esprits prévenus, que le marquis de Sade fut, au point de vue des moeurs, à peine un peu plus libertin que les roués de son époque et qu'il n'a jamais été fou.

Il ne s'agit pas cependant d'une réhabilitation. De ce qu'il existe, jusqu'à un certain point, un désaccord entre la vie du Marquis et ses monstrueuses doctrines, ces dernières n'en subsistent pas moins. L'aventure n'en est-elle pas plus singulière et digne de fixer l'attention du philosophe, au sortir des livres fangeux et sanglants du Marquis, de rencontrer un gentilhomme au ton de son époque, frivole et musqué, mais galant et courtois, débitant des fadeurs au femmes en chair et en os qu'il lui arriva de croire aimer,