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départ de cette maladie morale qui devait l’entraîner dans des excès coupables. Ce n’est pas l’opinion des auteurs allemands qui la font remonter plus haut ; quoique cet événement (le mariage) puisse, sous ce rapport, avoir exercé une influence sur de Sade, sa dépravation morale existait avant. Personne n’a considéré jusqu’à présent, que le marquis de Sade a pris part à toute la guerre de Sept ans, et sans aucun doute à cette terrible dépravation des mœurs, qui par la présence des armées françaises, fut implantée et entretenue en Allemagne, et dont parle aussi Casanova de Sîngalt dans ses « Mémoires » J. Schen Histoire de la civilisation et des mœurs allemandes Leîpsig 1887. Si Eulenburg écrit (A. Eulenburg, le marquis de Sade loc. cit.) que ce changement maladif s’est déclaré à 26 ans seulement, ce n’est pas non plus très exact, car le marquis a déjà été emprisonné dés 1763 à l’occasion de certains faits qui ne sont pas tout à fait innocents. Nous pouvons nous accorder à croire que le penchant aux débauches sexuelles chez de Sade a été excité par la vie des camps et développé par l’exemple mille fois répété, sans que nous ayons besoin de croire à la déclaration subite d’un état d’esprit maladif ».

Cette argumentation de l'auteur allemand est logique et nous vient en aide dans notre opinion d’un état d’inversion, soit innée, soit acquise, chez de Sade.

Premières débauches du Marquis- —On conçoit qu’un mariage fait sous d’aussi fâcheux auspices ne puisse pas être heureux. I)e Sade a bien eu des relations sexuelles avec sa femme, les enfants qu’il lui a faits en sont la preuve, mais il avait au fond du cœur une haine mortelle pour elle, haine qui ne s’est jamais démentie et qui n’a d’égale que le tendre et sublime amour que sa femme, au contraire, a toujours ressentie pour lui.

P. Lacroix a parfaitement raison de dire que le mariage du