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ARGUMENT


Le marquis de Sade, au contraire, ne la payait en retour que d'aversion et de mépris; car il l'accusait d'être cause du chagrin profond qu’il avait couru, lorsqu’il feignit d’étouffer pour elle l’amour dont, il brûlait toujours pour la sœur de cette vertueuse épouse. Madame de Montreuil, se défiant de l’intelligence trop intime quelle remarquait entre son gendre et sa fille non mariée, éloigna celle-ci et l'enferma dans un couvent. Le Marquis fut désolé de cette séparation survenue au moment où il espérait se dédommager de la contrainte qu’il avait subie en se mariant, et rectifier les lois de la morale publique par les lois de la simple nature, suivant son système, qu’il commençait adresser en théorie. Il se vengea de ce nouveau désappointement en lâchant la bride à ses mœurs, et en faisant rejaillir le scandale de sa conduite sur la femme innocente qui partageait son nom.

La mort de son père arriva un an après ce mariage néfaste. Devenu comte de Sade, quoique le titre de marquis lui soit resté, comme pour le distinguer de ses honorables ancêtres, et. maître alors d’une grande fortune qu’il ne craignail plus de perdre au moindre caprice d'un rigide vieillard, il chercha, dans le tourbillon des plaisirs, les moyens d'étourdir l'amour incestueux qui le dévorait. Il ne savait pas en quel endroit été caché mademoisellc de Montreuil, et qu'il voyait prête à y répondre, quand on lui enleva pour l'ensevelir dans un cloître: il s'épuisa en démarches inutiles afin de découvrir la retraite de sa belle-soeur; mais plus ces recherches étaient actives, plus la famille de Montreuil mettait de soin à les faire échouer. Enfin, il redoubla de folie et d'emportement dans ses libertinages où il dépensait sa santé et ses richesses avec l’aide des roués de la cour et des plus méchants garnements de bas étage. Tantôt il était le coryphée des orgies musquées du duc de Fronsac et du prince de Lamballe: tantôt il se mêlait à des laquais dans d'ignobles saturnales. Initié aux mystères des petites maisons et des mauvais lieux, il avait déjà l'ambition de surpasser les prouesses licencieuses de ses compagnons de débauche.

D'après P. L. Jacob, le mariage du marquis est le point de