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de l'autre lui tendit le couteau. « Chère Sibylle, dit-il, pour sauver ce petit être conçu par toi dans les délices de notre amour, satisfais !e désir de ce barbare ; mourir pour toi et par toi me sera doux.

Frappe, je t’en supplie ma bien-aimée. Frappe ici, au cœur. »

Mais elle, de la main, écartait le couteau, et blême d’horreur, se rejetait en arrière,

— Sibylle ! implorait Raphel en se penchant vers elle et en lui prodiguant les plus doux noms de l’amour.

Mais, au contact du fer, la maîn de la malheureuse se retirait comme à la piqûre d’un reptile, de sourds gémissements soulevaient sa poitrine. Ses regards erraient éperdus. Raphel n’attendait plus rien que de l’excès même de son désespoir. En effet, exaspérée, à demi folle, Sibylle recouvra un moment son énergie et se révolta.

— Non, s’écria-t-elle. Frappe toi-même, Raphel, ta main ne tremble pas. Que la plus faible périsse ! Que je meure pour toi, pour notre enfant, que toi seul tu peux protéger ! O mon cher amour, n’es-tu pas déjà mort une fois pour ta Sibylle ! C’est à mon tour de mourir !.,. Que cet enfant, ton sang, ton image, reçoive de moi la vie pour la seconde fois !

Fabrice assistait à ces débats avec une joie sombre ; mais le dénouement lui était préférable encore.

— Allons ! dît-il, un peu de courage ! Finissons la comédie, ou je reprends ma parole et vous périrez tous trois. Me ferez-vous coucher ici !

— A h ! s’en est trop ! s’écria Raphel, et bondissant d’un élan subît sur son bourreau. — Défends toi, ou péris toi-mème ! Et il lui plongea son arme dans la gorge.

Fabrice poussa un seul cri terrible et tomba. A ce cri, les serviteurs accoururent de tous côtés et se précipitèrent vers leur seigneur, interrogeant Sibylle, immobile et pétrifiée d’êpouvante.