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L’ENVIE.

Il n’y a passion qui tourmente la vie
Avec plus de fureur que l’impiteuse envie :
De tous les aultres maux on tire quelque bien ;
L’avare enchaisné d’or se plaist en son lien ;
Le superbe se fond d’une doulce allégresse
S’il voit un grand seigneur qui l’honore et caresse ;
Le voleur, espiant sa proye par les champs,
Soubrist à son espoir, attendant les marchands ;
Le gourmand prend plaisii’au manger qu’il dévore,
Lt semble, pai’les yeux, le dévorer eucore ;
Le jeune homme, surpris de lascives amours,
ComiK)se en son esprit mille plaisans discours ;
Le menteur se plaist fort s’il se peust faire croire ;
Le jureur, en bravant, croit augmenter sa gloire :
Mais, ô cruelle envie, on ne reçoit par toy
Sinon le desplaisir, la douleur et l’esmoy !
À celuy qui te loge, ingrate et fière hostesse,
Tu laisses, en paîment, le deuil et la tristesse.
C’est par toy que, tombé sous le bras fraternel,
Le povre Abel mourut, invoquant l’Éternel.
Depuis, en te coulant aux aultres parts du monde,