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UN ENTERREMENT GREC.

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Une dame grecque, aussi distinguée par son état que par la beauté de son âme, et joignant à tous les agrémens de son sexe ceux de la belle éducation, vivait avec un frère cadet qui, par excès de vertu, avait renoncé aux honneurs et aux places auxquels son état et ses alliances lui donnaient droit d’espérer. Il avait pour sa sœur toute la tendresse d’un frère, toute l’amitié d’un ami vertueux. Ce frère chéri fut attaqué d’une fièvre maligne à Buyuk-Déré, et il mourut après quatre jours de maladie, malgré tous les soins que lui prodiguaient sa sœur et l’amitié. Sa sœur, suivant l’usage du pays, accompagna le convoi, précédée et suivie d’une partie de la noblesse grecque. Tout annonçait l’abattement de cette âme sensible : le désordre de son voile et de ses habits, la négligence de sa coiffure ajoutaient de nouveaux traits à toutes les marques de sa douleur. Le corps fut