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L’ÉDUCATION DE LA PENSÉE ET LE MOUVEMENT

ment a, comme la matière, des propriétés, et que si d’une part les mouvements s’identifient matériellement avec les organes par lesquels ils sont exécutés, d’autre part leurs propriétés s’identifient avec l’activité cérébrale qui en commande et en règle l’exécution.

C’est en raison de cette cérébralité qu’il est susceptible d’acquérir, que le mouvement volontaire est destiné à devenir une science, et cette science exercera l’influence la plus décisive sur l’évolution de l’éducation et, par conséquent, sur l’évolution de l’activité mentale.

Déjà, par les résultats obtenus au moyen des leçons de choses, on s’est rendu compte des services que le mouvement volontaire, adapté à la signification de certains mots, peut rendre dans l’éducation de l’enfant. On a constaté que le mouvement fait penser l’enfant, tandis que le mot peut n’éveiller aucune idée correspondante malgré sa répétition réitérée, souvent même peut-être à cause de sa répétition réitérée.

Du reste, le mouvement lui-même, aussi bien que le mot, peut être stérilisé, on pourrait dire profané, par sa répétition réitérée que l’on impose dans l’enseignement des instruments de musique. Là, durant de longues heures, on développe fatalement le mécanisme des doigts au détriment du mécanisme de la pensée. Ces procédés répréhensibles provoquent une espèce de mémoire automatique des mouvements qui entrave le développement de la pensée, de la même façon que la mémoire automatique des mots imposée dans les études scolaires.