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LES SENSATIONS DE SURFACES

simples, provoqués par la différenciation volontaire des attitudes des doigts.

Dans l’évolution de l’éducation qui se prépare, il s’agirait de combiner dans une certaine mesure l’éducation de tous les sens avec l’éducation du toucher, dont l’affinement progressif peut être contrôlé par la géométrie linéaire des sensations tactiles rendues apparentes par les empreintes. On pénétrerait ainsi plus en avant dans la géométrie des phénomènes cérébraux, dont les intelligences supérieures doivent bénéficier d’une façon générale, tandis que les intelligences inférieures en pâtissent, sans qu’on ait su jusqu’à présent soutenir ou diriger les efforts des uns et des autres avec la clairvoyance voulue.

Dans l’enseignement nouveau dont il s’agit, c’est l’organisme de l’exécutant qui est considéré comme le véritable instrument de musique, tandis que le piano qui transforme ses combinaisons sensorielles fausses ou justes en musique mauvaise ou bonne, n’est lui-même considéré que comme un miroir, qui permet non seulement de se connaître soi-même, mais, chose encore préférable, de se perfectionner.

Quoique cette polyphonie sensorielle des pressions, transmissible au clavier, ne puisse être atteinte chez l’adulte qu’à la suite d’une transformation visible dans l’aspect général de la main, transformation acquise par l’éducation des mouvements élémentaires, néanmoins c’est dans cette voie que l’effort de l’enseignement doit être dirigé chez l’adulte et à plus forte raison chez l’enfant, dont les admirables facultés manuelles s’amoindrissent avec le développement de la croissance, de l’âge de onze à quatorze ans, et