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LA GÉOMÉTRIE LINÉAIRE DANS LE TOUCHER

sous l’influence des calculs proportionnels provoqués par le caractère des groupements linéaires qui modifie la circulation de notre pensée — circulation qui s’identifie avec notre vue mentale.

On peut dire que les conceptions esthétiques du pianiste sont en corrélation intime avec les formes visuelles de l’harmonie du toucher, parce que dans ces formes toutes les voies linéaires sont ouvertes à la circulation mentale. Mais au contraire, dans les formes visuelles du toucher discordant, antimusical, les paupières mentales s’abaissent et la pensée s’arrête, l’image esthétique disparaît.

Comme nous le démontrerons plus loin, l’art du toucher consiste donc à maintenir ces voies linéaires ouvertes.

Le mécanisme de la conscience tactile.

Sur chacune de nos pulpes, les organes du tact se groupent en séries linéaires (V. l’empreinte figure 3). Chacune de ces lignes digitales se décompose en une multitude d’éléments nerveux, dont chacun a ses fonctions et une vitesse de transmission spéciale. De sorte que nous sentons non seulement différemment avec chacun de nos dix doigts, mais avec la moindre surface de chacun de ces dix doigts. Aussi, peut-on admettre que dans l’empreinte, figure 3, l’intensité de la sensibilité est en décroissance graduelle en allant du haut en bas et de la gauche à la droite, s’il s’agit d’un des quatre doigts droits, et du haut en bas et de la droite à la gauche, s’il s’agit d’un des quatre doigts gauches.

Cette décroissance graduelle est en corrélation