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L’ÉDUCATION DE LA PENSÉE ET LE MOUVEMENT

l’écriture musicale serait susceptible d’acquérir sous l’influence du développement des perceptions visuelles, car les mêmes éléments rythmiques ne se retrouvent pas seulement dans les mouvements cérébralisables et dans l’esthétique musicale, mais aussi dans le mécanisme du regard. Le regard est en marche lorsque nous le fixons sur une surface, si petite qu’elle soit, et ce sont les rythmes de sa marche qui déterminent le caractère de notre contemplation, comme les rythmes inhérents à la pensée de l’interprète déterminent le caractère des mouvements volontaires qu’il exécute et leur résultante esthétique.

Toutes les différences perçues par le regard sont perçues rythmiquement, c’est-à-dire non simultanément mais par évolutions. Ces évolutions ont leurs centres d’attraction sans lesquels aucune évolution n’est imaginable, et ces centres d’attraction entraînent fatalement des différences de vitesse dans chaque évolution.

Ce mécanisme rythmique peut être rendu conscient par les procédés suivants :

Corrélation de la forme et du rythme dans le mécanisme du regard. — Le déplacement uniforme du regard.

Si l’on a parcouru la circonférence d’un cercle par un déplacement approximativement uniforme du regard, ce parcours n’a pu s’effectuer sans que le regard soit forcé d’interrompre sa marche, de fractionner les distances parcourues en parcelles minimes. Et pendant qu’on s’applique à communi-