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LE TOUCHER CONTRAIRE

cette double orientation des pressions qui nous permet de réaliser, par des fonctions qui nous paraissent inverses, une image unique quoique non superposable, nous sentons que, par une matière interposée la circulation peut aussi peu être interrompue entre nos pressions tactiles inverses qu’entre ces deux visions mentales inverses.

Par la facilité extrême avec laquelle je me représentais ces caractères opposés, je me suis rendu compte que la faculté de la main gauche d’agir vers en haut, complète celle de la main droite d’agir vers en bas et que moi-même sous cette influence je pensais, j’agissais mentalement en deux sens avec plus de conscience que je n’agis habituellement dans un seul sens. Je suis arrivée ainsi tout naturellement à admettre que ces deux sens n’en forment réellement qu’un seul, mais qu’on ne le connaît qu’imparfaitement.

Il faut dire que si, sans l’avoir appris, je pouvais ainsi diriger ma pensée en deux sens, il s’en suivait que sans l’avoir appris, je pouvais, non seulement lire en dirigeant mon regard de bas en haut et de haut en bas, mais en le dirigeant simultanément de droite à gauche et de gauche à droite. Pendant que j’écrivais, je lisais effectivement non seulement les deux écritures avec une égale facilité, comme si elles m’étaient également familières, mais, vues de droite à gauche ou de gauche à droite, de bas en haut ou de haut en bas, je les confondais en une seule écriture normale.

Si les deux images se superposaient d’une façon si absolue dans ma conscience (tout en n’étant réelle-