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CHAMBRE DES DÉPUTÉS
Séance du Lundi 1er Juin 1936.





SOMMAIRE


1. — Constitution du bureau d'âge.
2. — Allocution de M. le président d'âge.
3. — Excuse et congé.
4. — Tirage au sort des bureaux.
5. — Règlement de l'ordre du jour.


PRÉSIDENCE DE M. ANTOINE SALLES
Doyen d'âge.


A quinze heures, M. Antoine Sallès, président d'âge, prend place au fauteuil présidentiel (Nombreux applaudissements.)


— 1 —
CONSTITUTION DU BUREAU D'AGE

M. le président. La séance est ouverte.

Aux termes de l'article 7 du règlement, j'invite les six plus jeunes membres présents à venir siéger au bureau pour y remplir les fonctions de secrétaires provisoires.

Si les renseignements qui me sont fournis sont exacts, les six plus jeunes membres de la Chambre présents sont :

M. Tanguy Prigent, né le 11 octobre 1909 ;

M. Michard-Pellissier, né le 3 octobre 1909 ;

M. Valentin (François), né le 8 août 1909 ;

M. Lejeune, né le 19 février 1909 ;

M. Sérandour, né le 3 décembre 1908 ;

M. Boux de Casson, né le 24 février 1908.

(Les six membres de la Chambre dont les noms précèdent prennent place au bureau.)

M. le président. Messieurs, le bureau d'âge de la Chambre des députés est constitué.


— 2 —
ALLOCUTION DE M. LE PRÉSIDENT

M. le président. Mes chers collègues, c'est un grand honneur que d'être appelé à présider cette séance d'ouverture de la 16e législature, qui marquera une date mémorable, heureuse je le souhaite, dans les annales parlementaires de la IIIe République ; et j'en ressens tout le prix, mais aussi tout le poids, puisqu'il a pour mesure et pour rançon, hélas ! le nombre des années accumulées sur mes épaules.

Si on se rappelle qu'au temps de Molière, un amoureux de quarante ans, comme l'Arnolphe de L'École des femmes, passait pour un vieux barbon assez ridicule, on a quelque raison de s'étonner, de déplorer, peut-être, qu'un survivant d'un autre âge, je veux dire du dernier siècle, puisse se rencontrer et avoir la fatuité de faire figure dans une Assemblée dont les membres, pour une large part, ont à peine atteint la durée moyenne de la vie humaine. C'est un des effets, d'aucuns diront les méfaits, de cette gérontocratie dans laquelle on reproche parfois à la France de s'obstiner, mais contre laquelle il semble pourtant qu'elle commence à s'insurger. IL n'y a pas encore très longtemps qu'on a vu, dans une circonstance analogue à celle-ci, le fauteuil de la présidence échoir, en la personne d'un ancien préfet de police, M. Louis Andrieux, à un Lyonnais comme moi, mais plus qu'octogénaire qui, sous le faix de près d'un siècle révolu, avait gardé intactes, il est vrai, sa verdeur physique et sa verve spirituelle et primesautière. (Applaudissements.) Aujourd'hui, il a été presque difficile de découvrir, pour l'investir de la dignité de doyen, un simple septuagénaire dans une Chambre rajeunie.

Dans l'exercice de la fonction éphémère que je tiens de ce titre, je ne suis encore qu'un débutant, un vieux débutant, comme disait de lui-même Georges Clemenceau, le jour où, pour la première fois, sur le tard, il lui arriva, après avoir renversé beaucoup de ministres, de le devenir à son tour.

A défaut de l'expérience, qui ne pourrait être que le fait de l'habitude, je sais, du moins, que mon rôle se renferme dans des limites qu'il m'est interdit de transgresser, qu'il comporte, tout d'abord, une certaine discrétion, et que je dois me garder, par exemple, de la verbosité excessive à laquelle sont souvent enclins les vieillards, si je ne veux pas transformer pour vous en supplice ce qui ne doit être, de ma