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Kasper, ses compagnons, se précipitèrent à leur suite ; mais Crabb et Candi avaient cinquante pas d’avance. Ils arriveraient bons premiers, délivreraient Jean de ses redoutables adversaires, et, tous les trois réunis, lutteraient contre les séides du señor de Avarca.

S’ils devaient périr, du moins ils mourraient ensemble. Les deux pauvres diables, qui, durant leur existence, avaient été presque constamment séparés de l’enfant bien-aimé, se disaient avec une joie mélancolique qu’ils seraient réunis à lui dans la mort.

Les molosses avaient disparu dans les fourrés de la rive. Ils donnaient de la voix à toute gueule.

— Ils ont déniché la piste, rugit Kasper, dépêchons !

Ce cri, retentissant en arrière, sembla donner des ailes aux pères d’adoption de l’ingénieur. Ils précipitèrent encore leur course, et, haletants, s’enfoncèrent à leur tour dans le fourré.

Tout bruit avait cessé. Un silence de mort succédait aux aboiements furieux des dogues.

Et comme ils restaient là, ne sachant de quel côté se diriger, une ombre se dressa auprès d’eux. Ils reconnurent Jean.

— Toi, figlio !

— Mister Jean !

— Chut ! moi-même. Allez droit à la rive, dites ce que vous voudrez à ceux qui vous suivent, mais évitez qu’ils descendent plus loin.

— Mais toi ?

— Je me cache. Venez m’avertir après leur départ.

— Mais les chiens ?

— Morts, une ampoule bleue, les corps jetés dans le fleuve.

Des voix nombreuses s’élevèrent à peu de distance :

— Candi, Crabb, où êtes-vous ?

Les bandits, embarrassés par le soudain mutisme de leurs chiens, s’étaient arrêtés à la lisière du taillis.

— Vite, répondez ! ordonna Jean.