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d’Olivio, les amis disparurent et la porte se referma sur eux.

Une surprise les attendait. Jean n’était plus là.

Tous deux se regardèrent ébahis.

— Et moi qui allais mé battre.

— Bon, répliqua l’Anglais, mister Jean, il avait écouté la conversation, et par le fenêtre…

Il désignait la baie, dépourvue, comme toutes celles de la maison, de châssis et de vitres.

— Perfaitementé ! Alors qué faire ?

— Ouvrir aux dogs (chiens).

— Et les poignarder au passage. Nous dirons : Ils ont sauté par la fenêtre, cherchez-les.

Puis, élevant la voix :

— Attention, Perialta, je fais oun passage pour les bonnes bêtes.

Crabb s’était placé près de la porte, la navaja à la main.

Candi entr’ouvrit.

Une véritable avalanche passa entre eux.

La porte se referma, les couteaux décrivirent une courbe dans l’air, mais ils ne frappèrent que le vide.

Les dogues avaient bondi jusqu’à la fenêtre et, comme des flèches, s’étaient élancés au dehors.

— Partis !

— Envolés ! gémirent les ex-bandits décontenancés.

Mais, bien vite, Candi souffla à l’oreille de son camarade : 

— Ils sont sour sa trace.

— Siourement, poor me (pauvre moi hélas) !

— S’ils atteignent le povero

— Ils déchireront lui-même en mille pièces.

— Volons à son secours !

Et ils bondirent dans la salle commune, en criant :

— Les chiens ont franchi la fenêtre, courons ! courons !

Avant que les bandits fussent revenus de leur surprise, ils étaient dehors et couraient à toutes jambes à la poursuite des chiens, qui traversaient avec des bonds énormes la partie de la grève éclairée par la lune.