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vers les forêts ou les déserts herbeux, et disparaissaient sans laisser de traces.

L’impunité est un encouragement. Les crimes se multiplièrent à ce point, que la population refusait de s’aventurer à l’intérieur du pays. Il fallut aviser. C’est alors que l’on songea aux chiens.

Des écoles de dressage s’ouvrirent, et bientôt, toutes les haciendas furent munies de chasse-pirates, au grand dommage des pillards qui, traqués dans leurs retraites, terrifiés par les dogues dont la férocité égale la lucidité, durent abandonner la plupart des États de la République fédérative, et ne purent plus exercer leur coupable industrie que dans les districts les moins peuplés, les plus éloignés de l’Atlantique, tels que l’Amazona et le Matto Grosso.

C’était des chiens de cette espèce que le señor Olivio utilisait, non pour se défendre des voleurs, mais pour protéger ses propres vols.

Cependant l’attention de Kasper avait été appelée par la conversation de Candi et de Perialta.

— Ce sont de braves bêtes, dit-il.

— Ze n’en doute pas, s’empressa de répondre l’Italien.

Mais Kasper avait une idée : faire parade de la sagacité des animaux, et l’approbation de Candi n’était pas de nature à l’en détourner.

— El Ferro et la Muerte ont soif.

L’Italien se précipita :

— Ze vais leur donner à boire à ces braves bêtes.

Kasper l’arrêta :

— Elles iront boire au fleuve.

Et, souriant :

— Tu y as jeté l’Indien, n’est-ce pas, amico ?

— Oui, balbutia Candi en pâlissant.

— Eh bien, nous allons les mettre sur la piste ; et elles iront boire juste à l’endroit où le gaillard a fait le plongeon.

Un spectacle quelconque est toujours le bienvenu.

Les bandits applaudirent à la proposition du lieutenant.

— Conduisons-les à la chambre de l’Indien.