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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

gieuse de l’époux ou des épouses… Il lui suffit que le marié soit bouddhiste… C’est le cas de Dodekhan.

— Oui… Mais alors, cela va tout seul.

Le serviteur s’arrêta court, considérant son maître avec des yeux effarés. Log secouait négativement la tête.

— Comment ? cela ne te parait pas aller, Seigneur ?

— Eh non, digne San. Car tu ne songes pas que, pour la réussite de mes projets, il importe en première ligne que les bons Russes ignorent le mariage de Lotus-Nacré, censé bénéficier au Japon…

— Et que les Japonais ignorent celui de Mona, d’apparence profitable à la Russie.

— Justement.

Du coup, San se gratta l’occiput d’un air considérablement embarrassé.

— Par les Bouddhas vivants… Voilà qui n’est pas commode… Dodekhan, les deux jeunes filles, les bonzes qui célébreront les unions… cela fait au moins cinq personnes dans la confidence… cinq, dont trois ont tout intérêt à ébruiter l’aventure.

— Ces trois-là sont seules à considérer, San. Les bonzes, une fois leur ministère rempli, disparaissent…

— Comment ?

— Nous verrons… Ils retournent à Bouddha et ne peuvent plus faire de racontars désobligeants pour nous.

— Restent les trois autres… On ne peut les supprimer, eux ?

— J’ai besoin qu’ils vivent.

Le serviteur leva les bras au ciel en un geste éploré.

— Alors, je ne vois pas… 

— C’est pourtant simple.

— Tu le dis, Seigneur, je te crois… Mais à ton confident, dont l’esprit a moins de subtilité que le tien, cette simplicité paraît diablement compliquée.

Un sourire indulgent passa sur la face du chef des Graveurs.

— Voyons… On ne trahit pas un secret que l’on ignore.

— Oh !… naturellement.

— Eh bien, il faut qu’ils ignorent la dualité des mariages.