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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

Japonais, la suprématie de ces immenses territoires, peuplés de plus de sept cents millions d’humains.

Un fugitif sourire voltigea sur les lèvres de Log.

— Tu ne croirais pas cela, San ?

— Non. Ah dame ! je ne suis pas un chef de gouvernement, moi. L’orgueil du pouvoir ne m’aveugle pas, et je me rends compte de ceci : on n’emploie toute sa vie à un labeur immense que si l’on travaille pour soi.

Puis, changeant de ton :

— Seulement une chose me chiffonne dans ta combinaison.

— Vraiment ?

— Oh ! je n’interroge pas, Seigneur.

— Tu as tort, mon brave… Tu es le seul à qui je puisse me confier, et je suis heureux qu’il en soit ainsi.

La figure du géant s’épanouit.

— Ah ! Seigneur, commença-t-il d’un accent pénétré…

Mais Log l’interrompit.

— Que désires-tu savoir ?

— Puisque tu le permets… Voici : comment tenir à la fois les deux promesses faites, au Japon d’une part, à la Russie d’autre part, marier Dodekhan à Lotus-Nacré, marier Dodekhan à Mona Labianov ?… Les deux propositions me paraissent contradictoires.

— C’est là ce qui t’embarrasse, mon pauvre San ?

— Je l’avoue, balbutia le géant visiblement interloqué par l’intonation moqueuse du chef des Graveurs des Monts Célestes.

— Ah fi ! mon ami, tu es né sur une terre où tous pratiquent la religion de Bouddha, et tu me sembles peu au courant des traditions bouddhiques.

— C’est bien possible. — Toi ! toi !… Un Graveur de Prière… Il y a là une lacune regrettable que je me fais un devoir de combler. Sache donc, ô mon ignorant camarade, que si Bouddha a chanté les louanges de la monogamie, c’est-à-dire de l’hymen avec une seule femme, il n’a pas interdit le mariage avec plusieurs, il n’a pas interdit la polygamie.

San regarda son chef avec admiration.

— Tiens, tiens. C’est vrai, cela !

— De plus, continua imperturbablement Log, le bouddhisme s’inquiète fort peu de l’étiquette reli-