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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

— Mais qui êtes-vous enfin ? grondent les jeunes mariés, exaspérés par le mystère sans cesse grandissant autour d’eux.

— Mon nom est Dodekhan.

— Celui que les faux pêcheurs guettaient avec leur épervier…

— Et que vous avez voulu défendre… Il souhaite aujourd’hui vous rendre la pareille.

— Vous le pouvez donc ?

— Peut-être… Log était mon premier lieutenant… Il m’a trahi… Mais il ne sait pas tout… J’avais des secrets pour lui… Il ignore notamment la communication possible de ma cabine-prison avec la passerelle… chaque jour, à midi, soyez-y… Prétexte : l’examen du point… Et tout d’abord…

La voix se tut brusquement :

— À demain ! On vient ! Un déclic léger arriva jusqu’aux Français, puis plus rien.

Le duc et sa gentille compagne restaient médusés.

Enfin, d’un accent incertain, comme au sortir d’un rêve, Sara murmura :

— Il faut attendre à demain. Que faire d’ici là ?…

— Si nous déjeunions ? nous verrons après.

Sara parut prendre son parti :

— C’est cela, déjeunons… Ensuite, nous ferons du footing (marche à pied) autour du pont, jusqu’à extinction de forces… cela nous assurera le sommeil, pendant lequel le temps passe sans paraître long.

Elle se laissa glisser le long de l’échelle de fer avec la prestesse d’un clown, et eut un petit cri.

À vingt pas d’elle, à l’angle des assises d’une cheminée, deux personnes, deux jeunes filles, venaient d’apparaître sur le pont désert jusque-là.

— Mona Labianov, Lotus-Nacré ! balbutia la duchesse.

Ces jeunes filles, arrachées à leurs parents, captives sur le Maharatsu… tout cela grâce à sa collaboration… oh ! forcée, obligée, c’est certain ; mais enfin, si elle-même avait jugé bon d’obéir au seigneur Log, afin de se conserver un époux bien cher, ses charmantes victimes évidemment ne s’intéressaient pas assez à son bonheur conjugal pour approuver des actes dont résultait leur malheur.