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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

de la science qui, en se jouant, a renversé, dépassé la féerie légendaire.

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Neuf heures… Le soleil illumine les croisées. Il est radieux comme s’il tenait à apporter son contingent à ce jour de fête.

Par la porte qui fait communiquer leurs chambres, Mona, Sara échangent des exclamations joyeuses et étonnées :

— Neuf heures, dépêchons-nous.

— C’est pour dix, le… rendez-vous, nous avons le temps.

— Comment ai-je pu dormir si profondément ? Je croyais passer une nuit blanche, et pas du tout.

— C’est comme moi.

Elles babillent, s’empressent, rient sans cause.

C’est la fin, l’extrême fin du cauchemar vécu depuis le départ de La Haye.

La servante qui vint apporter le chocolat de « ces jeunes dames » les trouva prêtes.

Toutes deux prirent gaiement le petit déjeuner sur un coin de table. Influence du bonheur, elles déclaraient n’avoir jamais dégusté chocolat aussi exquis !

Puis une soudaine gravité s’épandit sur elles.

La pendule marquait dix heures moins cinq.

Elles se regardaient, se virent les yeux troubles ; leurs mains se cherchèrent et, les doigts étroitement enlacés, elles gagnèrent le cabinet où le docteur Rodel les avait reçues la veille.

Celui-ci les salua courtoisement, puis leur désignant un large écran tendu sur l’une des parois de la pièce :

— C’est sur lui que vont apparaître les images.

Elles marquèrent d’un signe de tête qu’elles avaient entendu.

— Je ferme les contrevents, reprit M. Rodel… L’obscurité est indispensable.

Elles approuvèrent d’un nouveau geste.

Immobiles, la respiration oppressée, elles se trouvaient dans les ténèbres.

Étrange ! Leur joie de tout à l’heure s’était évanouie. Elles se sentaient mal à l’aise. Leurs mains unies trahissaient leur angoisse par d’involontaires pressions.

Mais une sonnerie grelotte dans la salle.

Elles ont un sursaut. Pourquoi ? Ce carillon électri-