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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

— Ici, dans un faubourg de Calcutta… pas vraisemblable, et pourtant…

Les points lumineux avançaient toujours. Les voyageurs avaient certainement été éventés par le fauve, car il se dirigeait vers eux.

Instinctivement, le jeune homme couvrit Mona de son corps et braqua son revolver sur l’ennemi.

Il allait tirer, quelque imprudence qu’il y eût à signaler ainsi sa présence. Mais son doigt, déjà crispé sur la gâchette, se détendit brusquement.

Un ronronnement contenu venait de bourdonner à son oreille.

— Étrange ! murmura-t-il, on dirait…

— Le salut amical de Fred ou de Zizi, acheva la fille du général Labianov.

— Comment, comment, les panthères noires de ces braves petits !

Et d’une voix abaissée, le Turkmène appela doucement :

— Fred, Zizi…

Les points lumineux décrivirent une courbe dans l’air ; les fugitifs distinguèrent confusément une forme noire qui vint s’abattre à leurs pieds.

Déjà Dodekhan s’était penché sur l’animal, le flattant de la main.

— Un billet ! prononça-t-il d’une voix étranglée.

Tous se rapprochèrent vivement de lui, balbutiant avec une émotion inimaginable :

— Où ?… De qui ?

— Autour du cou. Je le détache. De nos chers petits dévoués sans doute. Ils devaient savoir ce qui se préparait contre nous, et ils ont envoyé une de leurs panthères pour nous remettre un bon avis…

Soudain il eut un cri :

— Où est-elle donc ?

Tous cherchèrent des yeux la messagère… L’intelligente bête n’était plus là. Une fois débarrassée de son message, elle avait vraisemblablement jugé bon de rejoindre ses jeunes maîtres.

L’incident ne pouvait d’ailleurs arrêter l’attention des fugitifs…

— Lisez, lisez, supplièrent Mona et la duchesse.

— C’est là le difficile. Il fait noir comme dans une cave.

Presque aussitôt, une clarté brilla à côté de Do-