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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

Ces gens bien informés partageaient la terre en trois groupements.

Deux groupements mangeurs : les États-Unis du Nord-Américain, avec action privilégiée sur tout le Nouveau Monde, aussi bien au sud de Panama qu’au septentrion, et les États-Unis d’Europe, avec action privilégiée sur l’Afrique.

Un groupement mangé : l’Asie, pour laquelle on adopterait le régime de la porte ouverte, c’est-à-dire du dépeçage en règle par les diverses unités composant les premiers groupements.

Comme on le voit, la justice était quelque peu égratignée dans ce partage du monde ; mais les Russes, Japonais, Anglais, Allemands, Français possédaient de si riches territoires asiatiques que l’on ne pouvait décemment les inviter à les évacuer, afin de doter les Asiates des bienfaits d’une troisième Confédération : les États-Unis d’Asie.

Ce jour-là, vers deux heures, quatre personnes, respectueusement saluées par le personnel, sortirent de l’Hôtel des Indes, situé sur la promenade de Lange Voorhout, qu’entourent le palais Guillaume, le ministère des Finances, où le prince Galitzin, alors ambassadeur de Russie, offrît, au XVIIIe siècle, l’hospitalité à Diderot ; et, plus loin, le palais de la Reine-Mère, jadis Hôtel Hope, résidence de Napoléon Ier en 1810.

Sur le registre de l’hôtel, les personnages, évidemment étrangers à la Hollande, avaient inscrit ainsi leurs noms et titres :

Général Stanislas Labianov, représentant de la Russie au Congrès de la Paix, et sa fille Mona.

Amiral comte Ashaki, délégué du Japon et sa fille Lia-Nmgui.

Le général, grand, fort la figure colorée, la barbe grisonnante taillée à la Souwarof, marchait auprès du comte Ashaki, petit, la face safranée, les yeux obliques remplis de vivacité.

Les deux jeunes filles allaient en avant, se donnant le bras, prouvant qu’en dépit des vils flatteurs locaux, le charme, la beauté sont à toutes les races, appartiennent à toutes les latitudes.

Mona, la jeune Russe, pouvait avoir seize ans… De son père, elle tenait une taille assez élevée, mais sa