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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

Deux êtres, dont on n’eut pas le temps de reconnaître la nature et que les Chinois superstitieux qualifièrent aussitôt de Dragons Volants, jaillirent de la fournaise et traversèrent le camp en bonds éperdus pour s’enfoncer dans l’obscurité environnante : c’étaient les panthères laissées à la garde des infortunés dont master Joyeux et miss Sourire avaient emprunté la défroque.

Au surplus, l’incident était secondaire. Une chose bouleversait le chef ; une chose qui rendait son triomphe incomplet, qui le privait de son meilleur moyen de coercition contre Dodekhan et le duc de la Roche-Sonnaille.

Ni Sara, ni Mona ne se montraient.

Et cependant les toitures s’effondraient parmi les gerbes d’étincelles fusant vers la voûte noire du ciel, les pans de murs s’affaissaient avec fracas.

Rien, toujours rien.

Vainement San, après avoir mis en lieu sûr les trois captifs, était-il revenu auprès du Maître et cherchait-il à calmer sa nervosité.

Log ne voulait pas être apaisé.

C’est qu’avec sa conception précise des choses, qui faisait de lui un si redoutable adversaire, il comprenait que le commandement, sans conteste, de l’immense association asiate lui échappait avec les deux jeunes femmes.

Elles absentes, elles mortes, elles ne pouvaient plus être torturées, et le terrible jouteur perdait son plus sûr moyen d’action sur l’âme aimante de Dodekhan.

Et les flammes dansaient sur les ruines, les étincelles s’envolaient en essaims crépitants, les volutes de fumée roulaient au sommet des décombres, en figures fugitives et grimaçantes.

Enfin, vers l’aube, l’incendie sembla avoir achevé son œuvre… Toutes les matières combustibles étaient dévorées.

À la voix de Log, de San, des équipes de travailleurs, armés de longues perches, se ruèrent sur les décombres, s’acharnèrent à l’enlèvement des débris calcinés.

Deux corps carbonisés, recroquevillés, hideux, méconnaissables, furent tirés des ruines, fumantes de l’écurie.

Mais le supérieur des bonzes déclara reconnaîtra