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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

dhas bienfaisants peuvent déchaîner les fléaux devant lesquels les êtres fuient éperdus.

Un instant, les deux hommes croisèrent leurs regards, dans un silence lourd. Enfin, le chef des Masques d’Ambre murmura d’une voix prudemment abaissée :

— Quel fléau ?

— L’incendie. Toutes les constructions sont en bois ; la brique, les tuiles sont soutenues par de légères charpentes ; le feu en aura facilement raison, et pour fuir les flammes, nos ennemis se jetteront hors de leurs cachettes.

Un nouveau silence suivit. Puis Log demanda encore :

— Brûler le temple est sacrilège. Qui osera prendre cette responsabilité devant les dieux ?

— Moi, Seigneur.

— Toi, mon brave San ?

— Qu’importe une pagode, auprès de ton triomphe ! Les bouddhas seront cléments à qui aura préparé la défaite des Diables Étrangers, adorateurs de faux dieux, concurrents perfides de ceux que rendirent visibles à nos esprits les grands philosophes de l’empire du Ciel.

Un sourire ironique distendit les lèvres de Log. Il fut bref comme l’éclair.

— Relève-toi, San.

Le géant obéit, la face épanouie. Il était pardonné,

— Voyons, reprit Log, raisonnons… Tu te fais fort de mettre le feu à la pagode, à ses dépendances… sans être vu, sans être soupçonné ?

— Oui, si tes réflecteurs électriques sont dirigés de façon à éclairer les alentours du sanctuaire, en laissant les bâtiments dans l’ombre.

— Ceci est facile.

Amicalement, Log frappa sur l’épaule de son fidèle :

— Allons, allons… tu es toujours, à mes yeux, le lieutenant cher entre tous. Tu effaces admirablement un instant de défaillance. Quand opéreras-tu ?

— De suite, la nuit est assez avancée.

— Va donc.

Les deux hommes se séparèrent, San regagnant ostensiblement sa tente ; Log, lui, simula une tournée d’inspection dans le campement. Aux guerriers veillant près des divers projecteurs, il adressa des obser-