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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

XIV

LE FIANCÉ DE LA NUIT



Cependant San, poussant son cheval, avait atteint la passe de Ki-Lua.

Une fois là, il attendit la nuit, abrita sa monture dans une excavation rocheuse, l’entrava, lui fournit ample provende, puis continua sa route.

Il allait escalader les pentes raides, inaccessibles pour les chevaux, du mont situé à l’ouest du défilé : Le Fiancé de la Nuit.

Un sentier rude, côtoyant des précipices, encombré de pierres qui roulaient sous ses pieds, s’enroulant aux flancs de la montagne comme un serpent gigantesque, telle était la voie que parcourait ce géant jaune.

Il peinait, soufflait, s’essuyait le front, tressaillait au moindre bruit.

Il était de la terre de Chine, et, si valeureux qu’il se montrât au grand jour, il ressentait l’anxiété qui saisit tout fils de Han, alors que sont venues les ténèbres. Le paysage d’ailleurs apparaissait horrifique.

Partout des pics aigus, des blocs rocheux en d’invraisemblables équilibres, des arbrisseaux tordus par le vent en formes menaçantes, des gouffres d’obscurité. Sous la clarté bleutée tombant des étoiles, le