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Elle se trouvait dans l’assistance.

Abandonnant Morand dans un cercle amical qui l’avait arrêté au passage, il s’était élancé à travers les salons, interrogeant les visages, passant comme une ombre inquiète parmi les groupes trop préoccupés des incidents présents pour le remarquer.

Ainsi il avait atteint l’entrée du petit salon. Il avait vu Linérès. Elle était là, vivante, en face de lui.

Et, sans réfléchir, il s’était approché d’elle, en proie à une sorte de rêve éveillé, subissant une impulsion irraisonnée.

Maintenant, il avait besoin d’être seul. Il se débarrassa donc lestement des indiscrets demeurés autour de lui, après le départ de la jeune fille, et rentra dans les salles de réception.

CHAPITRE V

UN MAGICIEN ET UN AMI


Mais le marquis n’en avait pas fini avec les surprises.

Comme il s’était arrêté près d’une sortie accédant à l’escalier d’honneur garni de feuillages fleuris, et qu’adossé au chambranle, il suivait distraitement des yeux la foule élégante se mouvant autour de lui, une voix légère prononça à son oreille :

— Bonsoir, marquis de Chazelet.

Il tressaillit, tiré de ses pensées confuses, et fit face à l’importun.

C’était un magicien, avec le long domino constellé d’étoiles, le chef couvert du chapeau pointu classique, le visage voilé d’un loup de velours allongé d’une barbe de dentelle.

Pierre eut un mouvement de mauvaise humeur.

— Je ne suis point masqué, dit-il un peu sèchement, je ne me soucie donc point d’être intrigué.

— Bon, repartit le magicien, je suis ici pour avertir, non pour intriguer.

— Avertir, je ne m’en soucie pas davantage.

— Peut-être !

Et sons donner à son interlocuteur le temps de répondre, le masque continua :

— Vous l’avez vue. Vous souhaitez la protéger… Mais vous êtes seul, sans renseignements sur vos adversaires.