Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/74

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Regarde dans ma main, jeune fille, murmura-t-elle. L’ovale magique a parlé. Regarde celui qui doit t’épouser.

Linérès fit ce qu’on lui demandait.

À l’intérieur de la main de l’Indienne, une plaque de métal s’encadrait, et sur cette plaque se dessinait le visage d’un jeune homme.

Elle ne chercha point à comprendre comment ce phénomène s’était produit. Emportée par la situation, elle prononça seulement :

— Je le verrai ?

— Ce soir, acheva la voyante d’une voix légère comme un souffle.

Comme si elle eût attendu d’avoir tout dit, Marahi poussa un gémissement sourd.

Ses yeux se fermèrent brusquement et elle se renversa en arrière tout d’une pièce.

Von Foorberg la reçut dans ses bras.

Aux personnes les plus proches qui s’empressaient, il dit très vite :

— Une crise… ! Marahi y est sujette après ses périodes de « lecture de pensées ». Je vais la ramener chez elle… Du repos, voilà tout ce dont elle a besoin.

Repoussant les curieux du geste. Il enleva dans ses bras, sans effort apparent la vieille Indienne inerte, comme privée de sentiment, et disparut avec son fardeau dans le petit salon, dont les portes se refermèrent sur eux.

Ainsi qu’un cours d’eau qui rompt ses digues, les conversations s’entre-croisaient, chacun commentant avec animation la scène étrange qui venait d’avoir lieu.

La comtesse de Armencita, Linérès, étaient elles-mêmes oubliées, absorbées en quelque sorte par l’intérêt qu’accaparait la voyante.

Les problèmes déconcertants, soupçonnés par les grands maîtres du psychisme, étaient-ils réels ?

Linérès, cependant, reprenait peu à peu possession de son sang-froid.

Elle promena autour d’elle un regard aigu, constata que l’on ne s’occupait pas d’elle, et se glissant à travers les groupes, elle gagna l’entrée du petit salon, où elle pénétra.

Mais la jolie pièce était maintenant déserte. Von Foorberg et Marahi avaient disparu.

— Oh ! murmura la jeune Espagnole, j’aurais voulu savoir davantage… Ma mère… Cette Indienne…