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Chazelet considérait l’Américain avec une admiration non déguisée.

Allan s’exprimait avec aisance, en excellent français, qu’agrémentaient sans le déparer quelques inflexions gutturales, et, de-ci de-là, un américanisme.

Mais c’était l’homme lui-même que le marquis, en épris d’art, considérait.

Grand, les épaules larges, serré des reins, M. Allan donnait l’impression d’une vigueur exceptionnelle alliée à une souplesse invraisemblable. Son geste apparaissait à la fois précis et ondulant… Son costume noir, de coupe sévère, eût semblé disgracieux sur tout autre. Porté par lui, il pouvait être pris pour une recherche savante destinée à souligner sa mâle beauté.

Le visage complètement rasé, auréolé de cheveux dorés, épais et soyeux, présentait un caractère extraterrestre pour ainsi dire. Il avait ce charme vigoureux et troublant que les peintres primitifs ont prêté aux anges armés de glaives flamboyants, annonciateurs des colères divines ou gardiens du rêve des terrestres paradis.

Sous la chevelure d’or, sous le front blanc, les yeux d’azur avaient une profondeur d’abîme et loin, bien loin, à cet infini du regard où se tapit l’âme, une lueur brillait, étoile au repos, qui, dans la colère, devait se transmuer en éclairs.

Et ce qui médusait le marquis, c’était une constatation singulière. Ses cheveux rappelaient ceux de Linérès. Son regard bleu faisait penser aux yeux glauques de la jeune fille… Leurs traits, très différents cependant, accusaient la lutte puis la fusion de deux races.

Mais Allan parlait.

— Messieurs, disait-il d’une voix chaude, où chantait une vague musique étrangère, si vous le permettez, nous allons commencer les expériences.

— Volontiers, consentit le général Dantun.

— Alors, veuillez considérer ce tableau à votre droite. Vous y voyez trente-trois plaquettes de cuivre, mobiles autour de charnières et que des taquets maintiennent appliquées contre la planche.

— Oui.

— Chacune est impressionnée par l’un des trente-trois postes de sans fil choisis par M. le ministre de la Guerre. Les postes touchés par le message répon-