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Demonios ! j’accepterai avec joie, car tout cela m’a serré le cœur.

D’un geste, Frey invita les fiancés à l’accompagner. Ceux-ci obéirent. La recommandation de la veuve sonnait à leurs oreilles comme un glas :

— Un mot peut tuer.

Devant l’angoissante précision de cette phrase, ils se sentaient paralysés. Ils obéirent donc, dans l’impuissance de s’arrêter à une résolution.

Jemkins, Rouge-Fleur, les sinistres lieutenants du milliardaire passèrent en ricanant devant la veuve, qui ne sembla pas les voir.

Grace Paterson demeura seule en face de la mère douloureuse.

Alors, la jeune fille vint à elle, s’agenouilla, et, appuyant ses lèvres sur les mains glacées de la pauvre femme, elle prononça dans un sanglot :

— Pardonnez-moi ! Ils sont venus. Ils ont emporté Lilian. Ils m’ont dicté mes réponses, m’avertissant que votre fille serait égorgée, si je ne me conformais à leurs ordres.

— Mais qui, qui a fait cela ? balbutia la mère de Lilian.

— Un serviteur japonais, expédié par cette Chinoise.

La veuve se prit la tête à deux mains et s’écria avec épouvante :

— Pourquoi cette femme est-elle aussi notre ennemie ?

Elle s’interrompit brusquement, les yeux agrandis par une stupeur, à la vue du pseudo-sorcier se montrant sur le seuil.

Celui-ci appuyait l’index sur ses lèvres pour recommander le silence.

Puis, glissant sur le parquet ainsi qu’une ombre, il se rapprocha des deux femmes jusqu’à les toucher.

— Miss Grace, dit-il d’une voix imperceptible, vous aimez Lilian ?

— Oh ! fit-elle seulement.

— Attendez. Vous l’aimez assez pour risquer votre existence ?…

Elle allait répondre. Il l’en empêcha :

— Réfléchissez… Vous avez un père qui vous aime…

— Mais qui ne m’aimerait plus autant, s’il me savait lâche à l’amitié. Aussi, je ne réfléchis pas. J’aime assez Lilian pour risquer ma vie.

L’Indien lui serra les mains avec effusion.

— Alors chaque soir, veuillez vous promener aux