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La gentille et fantasque élève de l’Institution Deffling se montra aussitôt.

C’était bien elle. El Dieblo, Mme Pariset la reconnurent, et une angoisse les étreignit. Leurs ennemis se sentaient donc bien forts, qu’ils osassent provoquer le témoignage de la jeune fille ! Et dans le silence, Grace murmura :

— Que me veut-on ? Je ne m’attendais pas à rencontrer tant de monde.

Chose étrange. Ses regards semblaient voilés. On eût cru qu’ils s’évertuaient à ne se poser sur personne.

Mais don Porfirio Raëz, pénétré du désir de palper les piastres promises par Rouge-Fleur, était disposé à une partialité regrettable. Et son accent le marqua, lorsqu’il prononça :

— Cette señora est bien celle que l’on a souhaité voir ?

La veuve inclina la tête.

— Oui. Alors, veuillez l’interroger vous-même.

Le ton n’était point encourageant. Cependant, la veuve devait se décider.

— Miss Paterson, ne vous étonnez pas de mes questions. Vous fûtes bien élevée à l’Institution Deffling, en compagnie de miss Lilian Allan ?

— C’est mon amie, madame.

Pourquoi la voix de la jeune fille tremblait-elle ?

Pourquoi, dans son regard, cet affolement ? Son interlocutrice n’y prit pas garde. Elle continua :

— Voulez-vous dire comment vous fûtes amenée ici avec Lilian ?

La veuve s’arrêta. La jeune fille chancelait. Il y avait une terreur sur son visage égaré.

— Pardonnez-moi, fit-elle, se dominant enfin… L’émotion… Je suis venue ici, sur autorisation de mon père, le sculpteur Paterson, avec mon amie Hiang-Tchil, ici présente.

Sa main se tendait vers Rouge-Fleur.

— Votre amie ? répéta Mme Pariset, abasourdie.

— Oui, oui, madame.

— Mais Lilian, Lilian ?

— Je ne l’ai point vue depuis mon départ de Washington.

— Oh ! Vous mentez ! Vous mentez ! La veuve se tordait les mains.

— Malheureuse enfant. Vous savez pourtant bien qu’elle était auprès de moi.

Un instant, Grace ferma les yeux. Son visage prit