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— Qu’est-ce que c’est que cela ?

Le buisson avait des mains. Le buisson l’avait saisi.

Il achevait à peine sa question, qu’il se sentit brusquement tiré en arrière. Son bras demeuré libre fut à son tour happé par une poigne solide, et un voile enveloppa sa tête.

Il tenta de résister ; une voix rude sonna à son oreille.

— Si vous n’êtes pas très doux, très obéissant…, une simple poussée vous renverra dans la plaine de Armencita… Elle est à trois cents mètres au-dessous de nous.

Ces simples paroles démontrèrent au marquis l’utilité de la soumission. Aucune aventure ne saurait être plus funeste que de rouler à une profondeur de neuf cents pieds, sur une pente rocheuse. Sans la moindre étude médicale, on conçoit combien pareil traitement doit être nuisible à la santé.

Aussi Chazelet, instantanément convaincu qu’entre deux maux il choisissait le moindre, s’abandonna-t-il sans résistance à ses agresseurs inconnus.

— À la bonne heure, gronda encore l’organe rude… Voilà un homme raisonnable.

On le prit fortement par les bras, indiquant ainsi à son esprit que deux personnes le tenaient, et on l’entraîna en avant.

La tête encapuchonnée, le Français obéit à l’impulsion, d’abord avec l’hésitation bien naturelle de l’homme qui ne sait où il pose le pied, puis avec une confiance croissante, en constatant que ses guides le soutenaient avec une adresse telle qu’il courait presque sur les pentes.

Les cailloux roulaient parfois sous ses pieds, il faisait de soudaines glissades sur des touffes d’herbes desséchées, mais on le redressait aussitôt, et avec l’insouciance de sa jeune bravoure, il finit par se déclarer que cela allait mieux qu’au moment où il marchait tout seul.

Tranquillisé sur les suites de l’aventure…, quand on a la bourse légère, on prend vite son parti d’être arrêté par des bandits, et Pierre ne doutait pas qu’il se trouvait en pareille posture, tranquillisé donc, il demanda :

— Où me conduisez-vous ?

Celui qui déjà lui avait adressé la parole, répliqua :