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mienne. Mais Kan-So connaît le rendez-vous. Il faut qu’il nous y conduise !

Le rapport de Suzan était exact de tout point.

À cette heure, le Chinois Kan-So se tenait dans une « salle de la carrière ». Une salle est un endroit où aboutissent plusieurs galeries d’exploitation. Généralement, le ciel en est plus élevé, et des piliers de maçonnerie en assurent la solidité.

Au pied d’un de ces piliers s’amoncelaient les barres d’or toujours enfermées dans leurs enveloppes de toile.

Sur des blocs crayeux, abandonnés naguère par les derniers carriers, le lieutenant du milliardaire Jemkins, ainsi que les forçats Strig et Clock, s’étaient assis le plus confortablement possible.

Au milieu d’eux, un cube de pierre, figurant une table, supportait une bouteille de gin, des verres, et, sur un papier, des tranches de jambon.

— Heureusement j’ai trouvé du gin ! gronda Strig d’une voix rauque.

— Ah ! plaisanta son camarade Clock, ne me parlez pas de travailler dans les petits pays. Les gens y marquent une ignorance du confortable.

Les deux bandits offraient les mêmes faces ignobles, sur lesquelles le vice et les passions mauvaises avaient tracé leurs hideux stigmates.

— Bon, intervint Kan-So. Quelques jours sont bientôt passés. Après, chacun de vous emportant une barre d’or de cent kilogrammes, pourra, je pense, se procurer de l’agrément.

Les yeux des forçats évadés lancèrent des éclairs.

— Cent kilos, balbutia Clock, d’un accent que la convoitise faisait trembler, cent kilos à trois mille francs le kilog…

— Trois mille quatre cents au cours actuel, rectifia son camarade.

— Bah ! je dis trois mille, pour faciliter le calcul… Ça ne nous enlève rien.

— Heureusement… ; le calcul qui m’enlèverait un dollar ferait connaissance avec mon couteau.

Clock accueillit la rodomontade par un bruyant éclat de rire.

— Laisse ton couteau, l’acier est un métal sans valeur, et moi, je parle d’or… de cent kilos d’or, de plus de trois cent mille francs en monnaie courante… Trois cent mille, tu entends, ?… jamais je n’avais rêvé pareille somme dans la poche du fils de mon père.

Kan-So les écoutait distraitement. Il semblait que