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défendez-vous. » Aujourd’hui, notre syndicat s’est étendu sur tout le territoire de l’Union. Chaque ville a une agence. Les emplois de grooms, boys, petites bonnes d’enfant, bureaucrates débutants, etc., nous sont réservés, mieux rétribués, plus considérés qu’autrefois ; nous sommes devenus une puissance, grâce à toi, qui nous as apporté l’or nécessaire à l’origine de toute société ; à toi qui, pauvre fugitif, as refusé d’en distraire la moindre parcelle à ton profit.

— Enfant trouvé moi-même, fit mélancoliquement Jud, j’ai voulu éviter aux autres les horreurs de l’isolement.

Et il avait réussi : des économistes, durant les dix dernières années, avaient constaté la tendance syndicale des enfants de l’Union. Ils s’étaient émerveillés de la discipline, de l’entente réalisée par les petits, et que les adultes eussent pu imiter avec profit, mais aucun n’était remonté jusqu’à l’origine.

Tril reprit :

— Qu’y a-t-il à faire ?

— Ceci. Je suis escorté par des espions…

— Veux-tu qu’on les fasse disparaître ?…

— Non, mon bon Tril. Seulement, il faudra que la nuit prochaine, pour la réunion générale convoquée sur ma demande, on veille à ce que nul ennemi ne me suive !

— Bien. Nul ne pourra savoir la route que tu prendras.

— Autre chose. M. Loosevelt doit être prévenu de ce qui s’est passé.

— J’irai, si tu veux m’accorder ta confiance.

— En personne, Tril, je n’ai plus grande confiance qu’en toi.

Un sourire d’orgueil illumina le visage du gamin.

— Que dois-je faire ?

— Remettre au président une lettre que je vais écrire.

Jud n’avait pas achevé, que déjà, son interlocuteur avait disposé papier, plumes, encrier sur la table. Durant une minute, la plume courut sur le papier, traçant ces lignes :

« Lilian disparue. Selon toute apparence au pouvoir de F. J. Toute aide policière constituerait dès lors un danger terrible. S’en abstenir, je supplie.

« Seul, je dois agir désormais. Je le ferai. Mais je continuerai à me dire reconnaissant de votre bonté, de votre pitié pour les victimes. — J. A. »