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— Ah ! je vois, je vois… Décidément nous tenons la victoire.

Rouge-Fleur fit entendre son rire de cristal aux inflexions ironiques.

— Nous ne vous gardons pas rancune de la mort du pauvre capitaine Anoru.

— Oh ! balbutia l’athlétique personnage, on cherchait à m’évincer de l’affaire…

— C’est pourquoi l’on ne vous accuse pas de vous être défendu. Mais nous entendons-nous bien sur tous les points maintenant ?

— Oui. Seulement un ennui.

— Lequel ?

— Chazelet a vu Lilian. Il lui a parlé. Il s’étonnera si je m’oppose à ce qu’il la ramène à l’institution Deffling.

— Est-ce tout ?

— Cela me semble assez épineux comme cela.

— Ah ! Comme les gentlemen s’embarrassent de peu de chose. Je vais me charger de la reconduire… et, mon cher sénateur, vous la retrouverez à Agua Frida. Ordonnez que l’on prie cette jeune fille de vous rejoindre ici.

— Mais…

— Vous verrez. À quoi bon bavarder ?

Dominé cette fois encore par l’étrange créature, Frey Jemkins sonna. Au domestique qui se présenta, il transmit l’ordre de Rouge-Fleur.

— Votre maître oublie, intervint celle-ci. Veuillez apporter le thé ici, afin que la jeune dame puisse prendre la moindre chose avant de m’accompagner.

Le domestique s’empressa. Une minute plus tard, il déposait sur le bureau un plateau supportant théière, tasses et assiette de rôties, puis il s’esquivait pour aller quérir Lilian.

Alors, à l’étonnement croissant du milliardaire, la Chinoise remplit deux tasses du liquide parfumé. Elle en attira une devant elle, avec ces mots :

— Pour moi !

Dans l’autre, elle fit tomber quelques grains d’une poudre blanchâtre qu’elle puisa dans une bonbonnière.

— Pour elle, murmura-t-elle encore.

— Qu’est-ce ?

— Le sommeil, un quart d’heure après avoir bu. Ne nous retenez donc pas. Il faut que nous puissions monter en voiture avant que Lilian s’endorme.

— Et ensuite ?