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prenait jour par un étroit hublot, ouverture ronde tout à fait insuffisante pour livrer passage à l’enfant, si mince qu’il fût.

— Bon, murmura-t-il, il faut d’abord sortir d’ici.

Puis, par réflexion :

— Oui, mais une fois dehors, que ferai-je ?

Il s’approcha du hublot, l’ouvrit et regarda au dehors.

La nuit des régions intertropicales n’est point sombre. Il semble que les choses restituent à l’atmosphère une partie des rayons qui les ont pénétrés durant le jour.

Une clarté bleuâtre régnait sur les eaux, rendant perceptible la côte rocheuse.

— Bigre ! Le rivage est au moins à un mille marin (1852 mètres). Bah ! si j’étais dans l’eau, j’en viendrais à bout… et puis, et puis, il n’y a pas à discuter, mes amis les bandits ne pousseront pas l’obligeance jusqu’à m’offrir une embarcation.

Ce fut tout.

Le gamin avait désormais son idée.

Un clou retiré sans bruit de la cloison, il l’introduisit dans la serrure.

Il tâtonna un instant ; le déclic du pêne l’avertit qu’il avait réussi.

— À la bonne heure, fit-il gaiement. Je me demandais pourquoi si souvent j’ai dû vivre côte à côte avec des voleurs. C’était pour apprendre à ouvrir les portes fermées.

Avec d’infinies précautions, il se glissa dans le couloir de la cabine. Personne ! aucun factionnaire.

Les marins, restés à bord, n’avaient évidemment pas jugé opportun de surveiller le prisonnier.

Ils avaient toute confiance dans la solidité de la porte en chêne, que, si cavalièrement, Jud venait de forcer.

À pas de loup, l’enfant gagna l’escalier accédant au pont.

Une à une il gravit les marches.

Mais en arrivant sur la dernière, il se rejeta brusquement dans l’ombre.

Un groupe de marins lui barrait le passage.

Ils ne se doutaient point que le prisonnier fût si près d’eux. Tous écoutaient un de leurs camarades qui leur contait une histoire de bord.

— Ah ! fit le gamin avec désespoir, s’ils restent là une heure, il sera trop tard !