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— Tope aussi, Tom, je le veux.

Et celui-ci ayant obéi, non sans faire la grimace :

— À présent, assez causé… En route !

Ni l’un ni l’autre ne remarqua l’éclair de triomphe qui brilla dans les yeux de Jud Allan. Aucun ne soupçonna qu’à cette minute même, le gamin murmurait :

— Allons !… Le baby de deux ans aura son défenseur.

À pas de loup, tous trois traversèrent la cour, s’engagèrent dans les corridors qu’eussent dû surveiller des gardiens enfermés dans des logettes vitrées, ménagées de distance en distance.

Non sans surprise, Jud remarqua que tous les veilleurs semblaient dormir.

Il les montra du doigt à Jetty. Le bandit inclina la tête en souriant, sans une parole.

— Le « Crâne » est un crâne chef, murmura le gamin.

Réflexion qui accentua encore la satisfaction de son interlocuteur.

Sans encombre, on parvint ainsi à la double porte, bardée de fer, accédant à l’extérieur.

À droite, la loge du gardien-concierge, éclairée par une ampoule électrique, indiquait un obstacle infranchissable en apparence.

Mais Jetty ouvrit la porte vitrée. Tournant le dos à l’entrée, le gardien, vautré dans un fauteuil, donnait l’impression d’un individu profondément endormi.

Il fut évident pour Jud que ses sinistres compagnons avaient la certitude de ne pouvoir réveiller le portier.

En effet, ils ne prirent aucune précaution pour étouffer le bruit de leurs pas. Ils marchèrent vers le fonctionnaire, s’emparèrent d’un trousseau de clefs, posé, bien en vue, sur la table à côté du dormeur, puis ils revinrent près de la porte.

Tranquillement, ils appliquèrent les clefs aux serrures compliquées, tirèrent les verrous, et firent enfin tourner sur leurs gonds les lourds vantaux qui les séparaient de la liberté.

La campagne s’étendait maintenant en face des fugitifs.

Abandonnant les clefs sur la dernière serrure ouverte, Jetty et Tom entraînèrent leur jeune compagnon dans une course éperdue.

À un mille de là, à l’abri d’un bouquet d’arbres, une automobile attendait.