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menade… Mais je ne veux pas tromper d’honorables gentlemen comme vous. Tantôt, à l’heure de la récréation, vous avez causé de vos petites affaires…

— Comment le sais-tu ? rugit Tom en faisant un pas en avant.

— Halte ! ou je siffle.

Et le bandit recula avec un grognement d’ours dompté.

— Donc, poursuit le gamin, vous causiez… Moi, j’étais couché auprès du tuyau qui déverse les eaux de la prison des hommes dans celle des mineurs… Ce tuyau m’apportait toutes vos paroles.

— Toutes ?… répétèrent les interlocuteurs de Jud, avec un geste de rage.

— Ne nous fâchons pas, gentlemen… Vous m’obligeriez à siffler… et je suis convaincu que nous allons parfaitement nous entendre, en employant uniquement la parole.

Rien ne maîtrise les bandits comme l’audace tranquille.

— Parle donc, consentit Jetty, tandis que Tom acquiesçait d’un geste rageur de sa tête embroussaillée.

— Ainsi fais-je. J’ai appris ainsi que le « Crâne » avait préparé votre évasion ; naturellement, je me suis dit : « Par le diable ! je m’ennuie, ici… Je partirai avec ces braves gentlemen. À l’atelier, je me suis blessé exprès pour être envoyé à l’infirmerie, d’où il était plus facile de vous joindre ici… Je vous ai attendus, et maintenant je veux deux choses…

— Deux ?… Le coquin ne doute de rien, bougonna Jetty.

— Et surtout, gentlemen, je ne doute pas de votre intelligence. Puis lentement, avec une assurance qui médusa ces interlocuteurs :

Primo… Je profiterai des dispositions prises en votre faveur, et le quitterai Alb-Point avec vous.

Jetty et Tom échangèrent un regard.

— Soit, fit le premier… jusque-là, c’est possible…

— Bien. Secundo : Je n’ai aucun moyen de gagner ma vie… Je veux entrer au service du « Crâne », qui s’occupe si bien de la liberté de ses amis.

— Au service du « Crâne » ?

Cette fois, les deux hommes éclatèrent de rire.

— Parbleu ! Voilà une recrue dont il ne nous saurait pas un gré considérable !