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La clarté d’un globe électrique permit aux voyageuses de constater qu’elles se trouvaient devant le portail de l’institution.

Elles sautèrent à terre, réglèrent le cocher et battirent du marteau la lourde porte, qui s’ouvrit pour leur livrer passage.

Leur souper expédié, les deux amies ne s’attardèrent pas aux papotages de leurs camarades.

Elles gagnèrent rapidement la chambre de Lilian et s’assirent devant la table de travail.

D’une main tremblante, la protégée d’Allan tira les feuillets mystérieux de son corsage, où elle les avait glissés.

Elle voulut lire. Impossible. Les lettres dansaient devant ses yeux.

— Eh bien, liras-tu ? chuchota la curieuse Grace, impatientée par le silence prolongé de son amie.

Puis, se faisant câline, elle proposa doucement :

— Veux-tu que je sois ta lectrice ?

Pour toute réponse, son interlocutrice lui présenta les feuillets.

D’une voix claire, bien qu’abaissée, miss Paterson commença la lecture de ce qui suit.

CHAPITRE XII

LE JOURNAL DE JUD


Qu’est-ce que Jud ?

Où a-t-il vu le jour ?

Quels parents l’ont abandonné à l’instant où ses yeux s’ouvraient sur la vie ?

Quels êtres ont recueilli tout d’abord le petit être et lui ont conservé le souffle ?

Cela, Jud n’en sait rien lui-même. Il est une fleur du pavé, une hirondelle du ruisseau, comme disent les gens heureux, dotés d’une famille.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Un profond soupir de Lilian ponctua la phrase. Mais Grace ne parut pas l’entendre et poursuivit :

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Avait-il quatre ans, Jud, ou cinq, ou moins, quand la faculté d’observer naquit chez lui ? Cela ne saurait être élucidé.

Toujours est-il qu’à cette époque, il appartenait à