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attirer les regards de ses semblables, puis prenant son chapeau déposé auprès de lui, il gagna la sortie de la tribune.

Son voisin, le Japonais, n’avait même pas paru remarquer ce manège.

Pourtant, à peine le vieil homme eut-il disparu, qu’il se leva à son tour et se précipita dans le couloir.

Là, il eut un geste de satisfaction.

À vingt pas, il apercevait la silhouette du vieillard qui, sans hâte, se dirigeait vers l’escalier accédant des tribunes au rez-de-chaussée.

Le Japonais le suivit, étouffant le bruit de ses pas, avec ce je ne sais quoi de félin qui caractérise l’homme désireux de voir sans être vu.

Ainsi, tous deux parvinrent dans le vestibule.

Mais en ce point, au lieu de franchir la porte dominant le perron qui descend au jardin du Capitole, le vieillard s’engagea dans le large corridor, sur lequel s’ouvrent les bureaux des comités (Senate Committee Rooms) déserts en ce moment.

Qu’allait-il chercher de ce côté ?

Sans doute, l’espion attaché à ses pas se fit cette question, car un sourire crispa sa face safranée, et il serra de près le mur, se dissimulant autant que possible derrière les piédestaux dressés de distance en distance et supportant les bustes marmoréens d’orateurs politiques célèbres.

Soudain, il s’arrêta net, se recroquevillant près de l’un de ces abris.

Sur le seuil d’un bureau, un boy avait paru, avait fait un signe incompréhensible pour le guetteur, et le vieillard pénétrant dans la salle, la porte à double battant s’était refermée.

Dix minutes après, elle se rouvrit avec un léger grincement.

Le boy reparut, inspecta la galerie d’un regard rapide, puis se retournant vers l’intérieur, prononça distinctement :

— Personne !

Un homme s’élance aussitôt dans le couloir.

— Maître, murmure le boy, ces ladies vous attendent à la palmeraie.

— Merci.

Et le personnage s’éloigne.

— C’est bien lui, grommelle le Japonais… Comment a-t-il pu porter sa voix partout au Sénat ? Bah ! cela