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Jugeant alors avoir suffisamment souffert pour les convenances, il demanda :

— Pourrai-je voir ma sœur Lilian ?

— Mais certainement. La chère enfant est dans sa chambre, elle travaille comme toujours. C’est véritablement une élève exceptionnelle. Dans ma longue carrière, je ne vois qu’un sujet digne de lui être comparé… C’était la jeune Ida Clifford, de Cliffordhouse, vous savez de qui je parle ; son excellente éducation la fit remarquer du marquis de Montcalbin… Elle est marquise.

Allan arrêta le flux des souvenirs de son interlocutrice en redisant :

— Ma sœur Lilian…

— Je vais la faire appeler.

— Permettez-moi de vous dispenser de cette peine. Après ma longue absence, j’ai à causer longuement avec elle, et la tranquillité de sa chambre me parait convenir…

— Comme il vous plaira, vous êtes le meilleur juge. Et personne ne saurait trouver mauvais qu’un frère désire entretenir sa sœur en particulier.

Sur ce, miss Deffling accompagna le visiteur jusqu’au seuil de son cabinet où elle pénétra dignement, le laissant libre de gagner la chambre occupée par Lilian.

Alors le professeur de West-Point s’essuya le front que mouillaient des gouttelettes de sueur, puis, d’un pas décidé, il gravit l’escalier accédant au premier étage, et s’engagea dans le couloir desservant les chambres des pensionnaires.

Bientôt il s’arrêtait devant une porte, sur laquelle une carte, fixée par des pointes à dessin, portait le nom de Lilian Allan.

Il prêta l’oreille. Aucun bruit ne parvint jusqu’à lui. Il eut un sourire douloureux, et murmura :

— Oui, oui… Elle travaille. Celle qui fut élevée par Jud sera digne de son rang… L’homme aura tenu le serment du gamin !

Et il frappa doucement. Une voix douce, comme assourdie, prononça :

— Entrez !

On eût dit que tout l’être du jeune homme se raidissait dons une suprême résistance, mais cela n’eut que la durée de l’éclair.

Allan ouvrit la porte, pénétra dans la chambre, et repoussa le battant derrière lui, tandis que d’un ac-