Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/142

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’est alors que, sur la passerelle reliant le steamer au quai, apparut un gamin d’une quinzaine d’années, coiffé de la petite toque et vêtu de la veste blanche des stewarts (garçons de service à bord des paquebots).

Les mains dans les poches, une courte pipe aux dents, sifflotant malgré cet appendice gênant, le boy semblait ravi d’aller passer un moment à terre en attendant l’heure où le navire repartirait pour Baltimore.

— Eh ! Tril.

Il se retourna tout d’une pièce, montrant à son interlocuteur sa face ironique.

— Présent ! Qu’y a-t-il pour votre agrément, s’il vous plaît ?

— Te rappeler que le retour à bord est pour ce soir dix heures.

— Bon, on y sera… en personne ou par remplacement[1].

All right ! Alors, bonne promenade.

— Je remercie… ; au revoir.

Sur ce, Tril s’éloigna en flâneur dans la direction du port du bois.

Bientôt il atteignit les premières piles de charpentes et se glissa entre elles, devenant invisible pour les personnes demeurées sur le vapeur.

Aussitôt sa marche s’accéléra, ses regards vifs semblèrent fouiller les intervalles laissés libres entre les monceaux de flottés, d’équarris, de blocs, de rondins, de sciés.

Et en quelques minutes, il se trouve en face d’Allan, qui continuait imperturbablement sa lecture à l’endroit où lui était parvenu le mystérieux avertissement de Marahi.

Sans hésitation, Tril marcha droit à lui.

— Arrivés, dit-il.

— En ce moment ?

— À la maison de Pensylvania Avenue.

— Bien. Et après ?

— À deux heures, grande Salle du Sénat, au Palais du Capitole.

— À deux heures ?

  1. Le droit de se faire remplacer a été accordé au personnel des Compagnies de navigation fluviale, sous la réserve que les agents sont responsables de leurs remplaçants.