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songère, car elle s’éloigne à reculons, se faufile dans les méandres du chantier, de façon à tourner, par côté, l’endroit où rêve l’homme.

La voici à présent en avant de lui.

Une pile de solives la cache au personnage, qu’elle contemple avec une étrange fixité par les interstices existant entre les pièces de bois.

Et puis, des plis de son manteau, elle tire une longue baguette, dont elle dévisse les extrémités. Surprise ! La baguette est creuse. C’est une sarbacane.

Sans bruit elle la glisse par la fissure qui, à l’instant, livrait passage à ses regards, puis dans l’orifice elle introduit une boulette de papier, elle approche ses lèvres du tube.

Elle vise… Elle vise l’inconnu. Ses joues se gonflent. Soudain un bruit léger se fait entendre, auquel répond une exclamation étonnée.

C’est l’inconnu qui l’a poussée, en voyant rebondir sur son livre la boulette de papier, dont il ne saurait soupçonner la provenance.

Et sans doute, la vieille Marahi ne se soucie pas de lui donner des explications, car elle s’enfuit, bientôt masquée par les monceaux de bois du pier.

L’homme a levé la tête.

C’est Allan, le professeur de West-Point, dont Pierre de Chazelet a perdu la trace au Palais d’Orsay.

Il promène autour de lui un regard scrutateur. Il se lève, va vers les piles qui l’environnent. Il en fait le tour. Recherche inutile. Celle qui l’a tiré de ses pensées est déjà loin.

Enfin il hausse les épaules, revient à sa première place. La boulette a roulé à quelques pas.

— Une plaisanterie de gamin, grommelle Allan avec un sourire.

Mais soudain son visage redevient grave.

Il ramasse le papier roulé, le défripe avec précaution.

Un tressaillement le secoue tout entier. Sur la feuille s’étalent des caractères d’imprimerie, évidemment découpés dans des journaux, et ces caractères forment les lignes suivantes :

« À Jud Allan. »

« Écoute la voix prophétique. Toi et Lilian allez souffrir, trembler. Mais, quoi qu’il arrive, ne déses-