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Et à une interrogation curieuse du policier, l’Américain avait répondu :

— Pour que M. Loosevelt vous ait écrit comme il l’a fait, vous devez être assuré de l’importance de ma mission. Il vous demande de faire, pour m’aider, tout ce qui est en votre pouvoir. Eh bien, parmi les choses que vous pouvez, il en existe tout d’abord deux que je vous supplie de m’accorder : ne me questionner que sur ce que je puis vous dire ; ne point chercher à comprendre au delà de mes paroles.

Impressionné par la lettre autographe et aussi par l’accent de cet ambassadeur étrange, M. Lerenaud avait promis.

À cette heure, il s’avouait tout bas qu’il en éprouvait un regret cuisant.

— Allons, garçons… Frey Jemkins entre partout… Vous dites ? Un crime… Raison de plus, ces pauvres femmes ont doublement besoin d’un protecteur.

La voix forte et joviale sonna dans l’hôtel, pénétra en vague bruyante dans le salon, secouant Lerenaud, Pierre, Linérès, les arrachant à leur rêverie pénible.

Et presque en même temps, sur le seuil, suivi de domestiques ébahis, se montra un homme de stature herculéenne, la figure colorée barrée par une moustache grisonnante, à l’allure décidée, portant la tête droite, les épaules effacées, de cette façon qui décèle à la fois l’homme riche et l’ancien militaire.

All right ! s’exclama-t-il, voici du monde avec lequel on peut causer.

Et, se tournant vers les laquais :

— À l’office, garçons ; tenez, ramassez cela et décampez.

Il jeta au dehors quelques pièces d’or, sur lesquelles les serviteurs se ruèrent avec un ensemble merveilleux, puis, fermant la porte derrière lui :

— Enchanté de vous voir, fit-il, en s’adressant aux personnes présentes, médusées par sa manière d’agir. Je suis Frey Jemkins, de Frisco, sénateur, trusteur, etc… et je viens rendre visite à la très Jolie Linérès de Armencita, que j’ai de fortes raisons de croire ma petite cousine.

Personne ne répondit.

Tous considéraient le nouveau venu avec stupéfaction.

M. Lerenaud marmonnait tout bas les paroles naguère prononcées par Allan :