Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bien que si j’avais perçu autre chose, je vous l’aurais dit ; et puis, pourquoi une détonation ?

— Parce que la mort du capitaine Anoru a été causée par une balle de revolver.

— De revolver ?

Le visage de la jeune fille exprima la stupéfaction.

— De revolver ? fit-elle pour la seconde fois… Mais c’est impossible.

— Cela est, cependant…

— Mais un coup de revolver s’entend… Et puis, pour tirer au revolver, il est essentiel d’en avoir un… à moins, fit-elle par réflexion, que le capitaine en eût un dans sa poche.

— Il n’en a pas, déclara M. Lerenaud… Je m’en suis assuré… Je puis même affirmer qu’il n’en a jamais porté dans le vêtement qui le couvre, car l’arme aurait laissé des traces, un observateur de quinzième ordre reconnaîtrait qu’un revolver a été enfoui dans telle ou telle poche.

Linérès écoutait avec attention.

— Alors, je disais bien, c’est impossible… Ni maman ni moi, vous voudrez bien le croire, ne nous promenons avec des instruments pareils sur nous… Quant à Fabricio, il a pour les armes à feu un respect superstitieux… Et puis, un revolver est bruyant.

— Cependant, mademoiselle, l’examen de la blessure ne laisse aucun doute… C’est pour cela que je vous priais de me renseigner sur cette porte, sur cette croisée… Si elles avaient été ouvertes, le criminel aurait pu, du dehors…

— Ah oui ! c’est vrai !

Et son front poli se plissant sous un violent effort de réflexion :

— Non, non, je crois être certaine que tout était fermé… Au surplus, Fabricio va nous répondre. Il a pu remarquer quelque chose qui m’a échappé.

Elle ouvrit l’entrée du salon.

— Il est là… je l’avais amené à tout hasard.

Et, sans sortir, elle appela :

— Fabricio ! Fabricio !

Un vieil homme, voûté, ridé, parcheminé, les cheveux blancs et raides, se présenta presque aussitôt sur le seuil.

Sur sa face sillonnée par les ans, une expression naïve était répandue. Le chef de la Sûreté, Allan et Chazelet eurent un hochement de tête identique.

Tous trois avaient fait une réflexion semblable.